Par Finian Cunningham, le 6 février 2025
L'arrangement téméraire de Trump pour détruire l'Iran s'il est assassiné vient de remettre à Israël une opportunité délétère en or.
L'Iran sera anéanti s'il assassine le président américain Donald Trump. Cette semaine, ce dernier a évoqué devant les journalistes son "déclic de l'homme mort", tout en annonçant un durcissement des sanctions contre l'Iran dans le cadre d'une nouvelle campagne de pression maximale.
Interrogé sur le risque d'être assassiné par des agents iraniens, Trump a semblé écarter ces craintes, mais a révélé avoir laissé des instructions à ses collaborateurs pour détruire l'Iran.
"S'ils font cela, ils seront anéantis. J'ai laissé des instructions au cas où, et ils se feraient rayer de la carte, il n'en resterait plus rien".
On ne sait pas qui sont les collaborateurs à qui Trump a confié les instructions relatives aux représailles. Et rien n'indique que ses ordres seraient exécutés si un scénario aussi extrême se concrétisait.
Plusieurs médias ont rapporté ces remarques théâtrales, notamment ABC, le New York Times et Sky. Associated Press a publié un éditorial sur le sujet :
"Si Trump venait à être assassiné, le vice-président JD Vance deviendrait président et ne serait pas nécessairement lié aux instructions laissées par son prédécesseur".
Néanmoins, le 47e commandant en chef pourrait bien tenter le sort. Son désir de mort pour l'Iran pourrait être pris pour une opportunité pour une opération sous faux drapeau par Israël.
En clair, si des agents israéliens tuaient Trump de manière à piéger l'Iran, alors les Israéliens pourraient gagner le gros lot, à savoir rayer la République islamique de la carte, ou du moins, c'est ce qu'ils pensent.
Il s'agirait, bien sûr, d'un coup double perfide de la part d'Israël. Cette semaine, Trump a reçu le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu, durant laquelle le président américain a été encensé comme étant le "meilleur ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche. Cet éloge a fait suite à la proposition de Trump de réinstaller tous les Palestiniens de la bande de Gaza dans les pays arabes voisins. Il n'est pas étonnant que Netanyahu rayonne de bonheur, car la proposition de Trump complète effectivement le désir de longue date d'Israël de nettoyer ethniquement l'enclave.
Alors, les Israéliens envisageraient-ils vraiment de frapper leur "meilleur ami" Trump ?
Sachant à quel point les Israéliens sont des violateurs en série du droit international, un régime voyou qui se délecte de ses crimes de guerre, une telle éventualité pourrait parfaitement leur passer par la tête.
Les opérations sous faux drapeau sont, par définition, conçues pour être menées dans le but de blâmer quelqu'un d'autre pour un acte répréhensible. Si une "action exécutive" contre Trump était menée à bien, Israël ne serait pas considéré comme l'auteur de l'acte. Et la furie américaine se tournerait vers l'Iran.
Il y a un précédent pour une telle trahison. Le 8 juin 1967, l'armée israélienne a lancé une attaque meurtrière contre l'USS Liberty en Méditerranée, tuant 34 membres de l'équipage de la marine américaine. L'incident s'est produit pendant la guerre des Six Jours entre Israël et les pays arabes. Les Israéliens ont tenté d'accuser l'Égypte d'être à l'origine de cette attaque meurtrière, jusqu'à ce qu'une enquête officielle établisse qu'il qu'Israël en était bien l'auteur. Les Israéliens se sont ensuite excusés, et ont déclaré qu'il s'agissait simplement d'une méprise dans la confusion de la guerre. Les membres de l'équipage américain ont cependant témoigné qu'il s'agissait d'une attaque délibérée de la part d'un prétendu allié.
Une autre opération sous faux drapeau présumée concerne les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York et Washington, DC, au cours desquels 3 000 Américains ont été tués. Certains enquêteurs pensent qu'Israël a orchestré cette atrocité pour mobiliser l'intervention militaire américaine au Moyen-Orient afin d'affaiblir les nations arabes. Les enquêteurs ont souligné le cas étrange des "Israéliens dansants", un groupe d'agents du Mossad qui a regardé de loin les avions s'écraser sur les tours du Trade Center, se délectant ensuite de ce spectacle. Les fêtards insultants ont été signalés par des témoins (qui les soupçonnaient d'être des Arabes), ont ensuite été arrêtés par les forces de l'ordre américaines, avant d'être relâchés des semaines plus tard sans inculpation et renvoyés en Israël, où ils ont été célébrés dans des émissions télévisées, et où il a été révélé qu'ils étaient des agents du Mossad.
Plusieurs analystes affirment que l'objectif prioritaire d'Israël est d'entraîner les États-Unis dans une guerre contre l'Iran. Telle est la politique de facto de Tel-Aviv depuis de nombreuses années, qui considère l'Iran comme une menace majeure. Au cours de l'année écoulée, Israël s'est enhardi grâce au soutien militaire immodéré des États-Unis et à l'impunité dont il jouit malgré le génocide perpétré à Gaza et l'agression contre le Liban et la Syrie.
Alors que l'Axe de la Résistance dirigé par l'Iran à travers le Moyen-Orient est soumis à un assaut israélien incessant, Netanyahu et les dirigeants israéliens pensent peut-être que l'Iran est vulnérable. Mais la puissance de feu de l'Iran est redoutable, ayant frappé Israël à deux reprises au cours des derniers mois avec des assauts aériens à grande échelle qui ont déjoué les systèmes de défense de l'État hébreu.
Les Israéliens savent qu'ils ne peuvent attaquer l'Iran seuls. Ils ont besoin de l'aide des États-Unis pour porter un coup dévastateur calculé.
Pendant sa campagne électorale l'année dernière, Trump a approuvé les frappes aériennes israéliennes sur les installations nucléaires iraniennes, mais même un Trump très impulsif ne semble pas disposé à se lancer une guerre contre l'Iran.
C'est là que les Israéliens pourraient être tentés de mener une audacieuse opération sous faux drapeau pour assassiner Trump et parier sur la réalisation de son vœu de destruction de l'Iran.
L'Iran a déjà été pointé du doigt pour avoir planifié l'assassinat de Trump depuis que ce dernier a ordonné l'assassinat du vénéré commandant militaire iranien, le général en chef Qasem Soleimani, à Bagdad en janvier 2021, au cours de son premier mandat à la Maison Blanche.
En novembre dernier, le ministère de la Justice des États-Unis, sous l'administration Biden, a affirmé avoir découvert un complot iranien visant à assassiner Trump. Cette affirmation a été rejetée par l'Iran comme étant une opération psychologique israélienne visant à accroître les tensions avec les États-Unis. Téhéran a nié toute intention d'assassiner Trump. L'Iran a déclaré cette dernière spéculation au sujet de Trump comme étant "une provocation".
Les allégations du ministère de la Justice à propos d'un complot iranien étaient peu convaincantes et dénuées de toute crédibilité. Mais, opportunément pour Israël, les rapports ont peut-être fait germer dans l'esprit du public l'idée que les Iraniens veulent s'en prendre au président Trump.
Les crimes d'Israël contre le droit international sont apparemment sans bornes. Son renseignement militaire opère selon le principe de "faire la guerre par la ruse".
Israël considère la République islamique comme sa némésis depuis la révolution iranienne de 1979. Toutes les menaces par procuration entourant Israël émanent de l'Iran - la "tête du serpent". Si l'Iran peut être éliminé pour installer un régime pro-occidental plus souple, Israël se sentira libre d'étendre ses ambitions de "Grand Israël" au Moyen-Orient. La perspective d'éliminer l'Iran pour les Israéliens constitue donc le jackpot.
En s'engageant à détruire l'Iran s'il devait être assassiné, Trump vient d'offrir à Israël une opportunité en or.
Comme l'a déclaré l'Iran, les propos désinvoltes de Trump sur la possibilité d'un assassinat ne sont que provocation. La question est de savoir qui provoque qui...